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Les bilans récapitulatifs sur l'année écoulée sont traditionnellement publiés à la mi-décembre, que cela soit pour mettre en avant 10 (Télérama), 20 (Variety) , 46 (The Hollywood Reporter) ou 50 séries (The Guardian), il est toujours question de faire un point sur les immanquables de l'année écoulée. Chez Spin-off, on s'acquitte de la tâche 2 mois plus tard, un rite qui s’explique principalement par le fait que chaque membre de la rédaction a d'autres obligations en dehors du site. Il en reste qu'un petit délai supplémentaire est toujours précieux afin de se remettre à jour sur l'importante quantité de productions sérielles qui arrive chaque année (487 ont été diffusées en 2017 soit une augmentation de 69% par rapport à 2012 et cela rien qu'aux États-Unis).
Sabbia69 (membre depuis 2010) :
Jürgen Habermas a remarquablement démontré que la pluralité d'offres culturelles ne signifiait pas pour autant la reconnaissance d'un véritable pluralisme : soumise à des enjeux économiques importants, la culture se voit accaparée par des grands acteurs de production et de diffusion, en situation oligopolistique et s'inscrit alors dans un cadre normé peu soucieux de la diversité. Appliquée au domaine sériel, sa thèse témoigne d'un paradoxe. Jamais il n'y a eu autant de séries, provenant de pays différents, racontant des histoires singulières. Mais la pluralité de l'offre nous oblige à sélectionner et à trouver refuge dans des modèles « rassurants » : le goût de la découverte s'estompe alors même que la Belgique, l'Espagne ou encore l'Amérique Latine sont dans un plein renouveau. On ne peut alors que s'interroger, une nouvelle fois, sur la manière dont on « consomme » des produits culturels...
10. The Deuce (HBO), saison 1
Comme à son habitude, l’œuvre de David Simon combine plusieurs degrés de lecture. Du singulier au général, elle tisse patiemment sa toile. Il est certain que le propos, qui n'a fait qu'effleurer son substrat politique, gagnera en épaisseur avec les saisons.
9. Game of Thrones (HBO), saison 7
De l'entertainment assumé, mené à un rythme effréné. C'est addictif malgré pas mal de défauts.
8. Fargo (FX), saison 3
Un très bon cast au service d'une histoire simple mais bien mise en scène : pourquoi changer une recette qui marche ?
7. Big Little Lies (HBO), saison 1
Très bien interprétée et bien mis en scène par Jean-Marc Vallée, la série décline un propos sociétal majeur mais dans un style extrêmement normé. Certains peuvent trouver cela fade : ce ne fut pas mon cas.
6. Manon 20 ans (Arte), mini-série
Le style documentaire de Jean-Xavier de Lestrade est parfaitement adapté à cette œuvre sociale forte, portée par une actrice exceptionnelle (Alba Gaïa Bellugi).
5. Better Call Saul (AMC), saison 3
Il y a un côté jubilatoire à voir les personnages de l'univers de Breaking Bad se développer. Et puis Bob Odenkirk...
4. Peaky Blinders (BBC Two), saison 4
Un retour aux sources pour la série, notamment dans le traitement de la photo mais également dans la manière de narrer l'histoire, celle d'un clan en lutte pour sa propre survie. Le casting est là aussi fantastique.
3. Master of None (Netflix), saison 2
Après une première saison très inégale, Aziz Ansari nous livre un petit bijou d'écriture, avec notamment deux épisodes exceptionnels pour clore sa saison.
2. Legion (FX), saison 1
Une narration extrêmement complexe, regorgeant d'idées de mise en scène au service d'une histoire, a priori, de super-héros. Alors que, finalement, Noah Hawley renoue avec l'esprit des premiers comics : l'exploration de la psyché individuelle et collective...
1. Mr. Robot (USA Network), saison 3
Une saison d'une incroyable densité qui a purgé les scories de sa précédente saison. Ancrée dans la réalité politique et d'une grande cohérence, la série est aujourd'hui ce qui se fait de mieux, et de loin.
Chauff (membre depuis 2013) :
L'époque est décidément plaisante à vivre pour les amateurs de série, quand le principal problème est l'embarras d'un choix parmi un catalogue assez vertigineux. Avec une bonne quarantaine de séries au compteur, dont une dizaine de nouveautés, et des déceptions qui se comptent finalement sur les doigts d'une main, je suis plutôt content de ma sélection. Il fallait dire au revoir à The Leftovers, et ce fut fait brillamment. Décidément, on accroche ou non à l'âme et à la mystique de cette série : pour celui qui s'y plonge, l'acte de foi est inoubliable. C'est beau, c'est bouleversant : à chaque fois que j'y repense c'est avec beaucoup d'émotion.
Mais l'avenir est aussi bien préparé : Legion est un choc fabuleux, une expérience esthétique et psychologique mise au service d'une narration fascinante. American Gods est un peu un rêve d'ado, tant j'avais adoré les romans de Neil Gaiman ; l'essai est plus que transformé, en espérant que les déboires actuels de la production ne fassent pas tout partir en eau de boudin. The Handmaid's Tale est le coup de poing qui prend aux tripes, l'histoire qui vous mets par terre : une dystopie terrible qui résonne comme jamais aujourd'hui, et qui confirme encore une fois qu'on ne parle jamais aussi bien du présent qu'au futur.
Du côté des confirmations, l'année a également été assez belle : Mr. Robot continue de se métamorphoser en restant toujours aussi passionnante et intense ; BoJack Horseman, à mon avis LA grande contribution de Netflix au monde sériel, était plus que jamais dans la tête cabossée et névrosée de ses personnages, et c'est admirablement bien fait. Fargo, Peaky Blinders ou Better Call Saul continuent de dérouler leurs histoires avec une qualité qui ne s'épuise pas. Et Sherlock tirait sa révérence de manière toujours aussi satisfaisante.
Les belles performances d'acteurs ont été nombreuses : Aubrey Plaza est parfaite dans Legion (cette scène du Bolero !), Carrie Coon est inoubliable dans The Leftovers (et ça a été un plaisir de la retrouver dans Fargo), et Elisabeth Moss confirme tout le bien que je pense d'elle dans The Handmaid's Tale. Des mentions également pour Ted Danson (The Good Place), Alison Brie (GLOW), Maggie Gyllenhaal (The Deuce), Sarah Gadon (Alias Grace), Peter Capaldi (Doctor Who), Orlando Jones (American Gods) et Alex Høgh (Vikings).
1. The Leftovers (HBO), saison 3Au delà de la multitude de très bonnes séries qui ont été diffusées sur nos écrans en 2017, je suis particulièrement impressionné par la manière dont les showrunneurs utilisent le format sériel pour raconter leurs histoires de manière toujours plus innovante. D'une pure recherche esthétique dépassant toutes les limites formelles auparavant aperçues (Twin Peaks, The Girlfriend Experience), jusqu'au réalisme et à l’honnêteté de récits autobiographiques poignants (Master of None, One Mississippi), les auteurs de séries sont en perpétuelle recherche d'audace narrative notamment lorsqu'il s'agit d'incorporer la réalité du monde contemporain dans leurs œuvres.
J'aime les séries car elles n'arrêtent pas de se redéfinir, de me surprendre, de m'émouvoir et de me nourrir humainement et culturellement. J'aime la diversité de leurs intrigues qu'elles soient revendicatrices (Insecure, Dear White People, I Love Dick), nostalgiques (Red Oaks), semi-improvisées (Curb Your Enthusiasm) ou satiriques (BoJack Horseman). Je n'utilise qu'un adjectif mais elles mériteraient chacune plusieurs lignes afin d'appréhender la multi-dimensionnalité de leurs récits respectifs. Le fait que le brouillage entre comédie et drama soit de plus en plus fort renforce le fait qu'il n'y a plus de recettes toutes faites pour créer une œuvre de qualité. The Good Place et Search Party, estampillées comme comédies à leurs débuts, ont toutes deux grâce à des twists surprenants embrasé pleinement leurs natures sérielles (cliffhangers, prises de risques, rupture et bouleversement scénaristique) dans leurs secondes saisons.
La subtilité du récit n'est pas toujours indispensable afin de développer des thèmes qui n'en restent pas moins déterminants (Jane the Virgin, The Bold Type, Skam), mais il me semble anachronique de délégitimer les séries que l'on désignent habituellement comme des teen shows, car à leur manière, elles participent à souligner des points cruciaux de la société actuelle. L'une des qualités les plus importantes que je recherche dans une œuvre sérielle est qu'elle parvienne à me surprendre en repoussant les limites du postulat qu'elle avait initialement fixé. Sur ce terrain, Crazy Ex-Girlfriend me paraît particulièrement fécond tant Rachel Bloom semble ne pas avoir de limites dans la liberté de ton de ses numéros musicaux ainsi que dans l'exploration psychologique dans son double fictionnel.
Lors de nos visionnages sériels, nous tombons tous parfois sur des séries qui nous donnent particulièrement l'envie d'enchaîner rapidement les épisodes, les séries Netflix dont les plus réussies (13 Reasons Why, Mindhunter) encouragent bien évidemment ce genre de pulsions. Il reste que rien ne remplacera jamais le plaisir de suivre une série au rythme hebdomadaire surtout lorsque le récit est aussi bien ficelé que dans Fargo ou Big Little Lies. Les productions historiques, lorsqu'elles sont faites avec soin, sont quant à elle toujours un moyen de réfléchir sur notre propre époque (The Get Down, The Deuce) tandis qu'avec The Good Fight, Michelle et Robert King ont à nouveau prouvé que la structure case of the week saupoudré d'éléments feuillotonnants n'avait rien perdu de son efficacité narrative.
Il arrive également à tout sériephile de passer à côté d'une œuvre unanimement ovationnée dans l'écosystème sériel, il est dès lors parfois plus sage de savoir passer son chemin après quelques épisodes. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait avec Mr. Robot, nul doute cependant qu'au vu de son excellente troisième saison bien m'en a pris de laisser une seconde chance à la série de Sam Esmail. Extrêmement ambitieuse sur le plan visuel, la dernière fournée de son drama était d'une intensité de tous les instants tout en restant très juste dans le développement de chaque personnage. Enfin, je suis un admirateur du style dialogué d'Amy Sherman-Palladino, ses répliques, ultra référencées, concoctées avec finesse et filant si rapidement de la bouche de ses acteurs sont toujours aussi savoureuses dans The Marvelous Mrs. Maisel. La performance majestueuse de Rachel Brosnahan, le contexte historique (le New York des années 1960) et le progressisme qui irrigue les intrigues participent à rendre la série d'Amazon comme la meilleure nouveauté de la saison à mes yeux.
Les pilotes les mieux notés sur Spin-Off en novembre et décembre 2017 | Le grand bilan de l'année 2023 : séries, épisodes, membres, choix de la rédaction |
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Date : 08/02/2018 à 11:36 Auteur : Victor Cotelle Tags : meilleures séries 2017 mr. robot legion the leftovers Fiche série : The Leftovers, Mr. Robot, The Crown, Legion, The Marvelous Mrs. Maisel Catégorie : Spin-Off Sous-Catégorie : Dossier |