La saison 2 de Reporters est une bombe

Jeudi dernier, la presse s'était donnée rendez-vous à Canal + pour voir en avant-première les deux premiers épisodes de la saison 2 de Reporters. Les acteurs et scénaristes y étaient. Pas moi (et pourtant, cette fois-ci, on nous avait invité, décidément...). Heureusement, comme je me rendais le soir même à une autre projection (j'en parlerai plus tard), j'ai pu me procurer les DVD des cinq premiers épisodes. Le verdict est sans appel.

Mais commençons par le commencement, l'intrigue. Contrairement à la première saison, Reporters démarre cette fois-ci au quart de tour. En Arabie Saoudite, à Riyad, Alexandre Marchand, un journaliste français de la chaine TV2F interprété par Grégori Dérangère, est témoin d'un attentat : une voiture kamikaze explose à proximité d'un bus qui transportait des ressortissants français. L'affaire remonte jusqu'au premier ministre français Jacques Barlier et on comprend très vite qu'il y a toute une manipulation, dont la DGSE ne serait pas étrangère, que ce journaliste va devoir démêler.

Pendant ce temps, le journal 24 Heures ne s'est toujours pas sorti des difficultés économiques malgré sa reprise, dans la saison 1, par un nouvel investisseur. Une lutte s'engage alors pour décider qui va prendre sa tête pour le relancer. D'un côté, on retrouve l'ancienne chef du service politique Florence Daumal. Et de l'autre, un certain Serge Attal (joué très justement par Michel Bompoil qui a un faux air de Patrick Fischler), homme de gauche propulsé par le premier ministre qui joue l'ouverture. Je n'en dirais pas plus concernant cette histoire mais elle est habilement menée durant cette première partie de saison.

C'est la même chose concernant Michel Cayatte, toujours campé par le grand Patrick Bouchitey, qui sait distiller son sens de l'humour dans chacune de ses répliques. L'humour de situation dans lequel l'acteur est embarqué est d'une efficacité redoutable. Et Michel devra faire preuve de sang froid lorsqu'il va être rattrapé par une affaire qu'il avait couvert il y a une dizaine d'années. D'autant qu'il a replongé dans l'alcool depuis la mort en saison 1 de son compagnon journaliste Albert Lehman (Didier Bezace).

A TV2F, c'est toujours la lutte des égos pour arriver à l'antenne. Alors qu'Alain Massart (Jérôme Bertin) va se prendre pour PPDA interviewant Castro, Thomas Schneider continue de faire confiance à son instinct de fouineur journaliste. Dans son collimateur, Jacques Barlier, qu'il essaye de faire tomber pour une affaire de financement occulte. Jérôme Robart, qui retrouve ici le même personnage barré et excentrique de la première saison, prend son pied et nous embarque avec lui dans sa folie grâce à son sourire malicieusement acide.

Je ne vais pas parler de tout, on reviendra en détail dans les critiques des épisodes au moment de la diffusion de la série, notamment de la relation entre Florence et le conseiller de Barlier, Christian. Je noterai cependant que la version remaniée du générique, un mélange de film d'action américain et de matrix, n'est pas vraiment de mon goût. Et surtout, gros point noir, l'acteur Grégori Dérangère ne me semble pas à la hauteur de son rôle. Dommage.

Ceci dit, j'ai dévoré les cinq épisodes à la suite sans m'ennuyer une minute. La série alterne comédie et drama, temps mort et temps fort, et confirme qu'il s'agit bel et bien d'un des meilleurs dramas français actuel, voire le meilleur. Quelque part, c'est une petite surprise. Le temps de gestation entre les deux saisons, deux ans, avait suscité en moi une impatience dont la conséquence fût de relever à la hausse mon seuil d'exigence. Et pourtant, cela ne m'a pas empêché de retrouver avec bonheur les luttes de pouvoir et d'influence, qu'elles soient économiques, médiatiques, politiques et géo-stratégiques, qui font les ingrédients de Reporters. Pour préparer le terrain, achetez la saison 1 en DVD. Cette saison 2 sera diffusée sur Canal+ mi-mai. A ne pas louper.