N'harcelons pas Alexandre Astier

La non-actualité du jour, c'est la ré-annonce, presque un an après, d'une suite de Kaamelott à la télévision. La raison de cette soudaine irruption médiatique, dont nous vous parlions pourtant en décembre dernier lorsqu'un retour de la comédie en quotidienne a été évoqué ? Une interview d'Alexandre Astier à TV Mag. Outre le fait d'aborder plusieurs informations déjà connues, elle y cache un message crypté pour qui saura le déchiffrer.

Mais commençons avec les informations que nous savions, donc, déjà :

• La trilogie Kaamelott au cinéma se fera... quand elle se fera ;
• Une nouvelle saison, nommée Kaamelott Resistance, arrivera sur M6 et s'attardera sur l'après saison 6, quand Lancelot a pris le pouvoir alors qu'Arthur traine des pieds à Rome ;
• Son nouveau projet de série, Vinzia, pour Canal+, est toujours en écriture. "L'histoire se déroule maintenant dans une famille de la pègre à Grenoble" détaille-t-il.
  

Il indique également avoir d'autres projets (une autre série, une autre BD et un autre film) sans rentrer dans les détails.

Voilà pour la partie factuelle. Intéressons-nous maintenant à l'un des sujets qui agitent les fans de la série, la trilogie cinématographique de Kaamelott. En projet depuis longtemps, sa préparation a marqué le pas. Dernièrement, Alexandre Astier s'est même fondu sur twitter d'une longue explication avant de retirer le texte quelque temps après. Il y évoquait des soucis qui l'empêchaient de mener à bien ce projet dans les conditions actuelles.

Ces soucis, dont il parle, sont actuellement négociés "entre producteurs", explique-t-il dans l'interview de TV Mag. D'ailleurs, des soucis, il en a depuis quelque temps avec Calt, le producteur de Kaamelott. Une source bien informée m'en avait parlé avant même la diffusion de la saison 6. Aucune idée s'il s'agit du même motif de tension ; je sais juste que tout ne se passe pas comme il le souhaiterait.

Bref, on a compris, des soucis. Mais à quel point sont-ils sérieux ? C'est la question qui peut se poser quand on lit le sous-texte des réponses d'Alexandre Astier. "J'attends d'obtenir ce dont j'ai besoin pour poursuivre" ; "Non, les sous resteront au même endroit ! C'est plutôt une histoire de décision" ; "Les négociations actuelles se font dans une cour qui ne m'intéresse pas, entre producteurs. Je refuse juste d'attendre. Si je ne peux pas faire Kaamelott maintenant, ce n'est pas grave ; j'ai plein d'autres histoires à raconter. Il faut juste que je le sache."

Ces trois passages sont les plus importants de l'interview. Concrètement, Alexandre Astier fait publiquement du chantage à ceux qui ne veulent pas lui donner ce qu'il demande. A-t-il les moyens de gagner ? Aucune idée mais il peut, en tout cas, ne pas perdre. Car, au fond, c'est de lui que dépend artistiquement le développement de Kaamelott. Sans lui, pas de Kaamelott. Sans lui, pas de producteur à rémunérer lors de son arrivée au cinéma. Ces phrases s'adressent, en vérité, non pas au fan mais au producteur qui fait de la résistance pour une question de droits, et dont les détails manquent encore (1).

Mais au fond, ce chantage montre surtout une chose : les négociations sont allées au bout de leur raisonnement. Alexandre Astier joue ici sa dernière carte, le temps. "Vous voulez pas me donner ce que je souhaite : très bien, je ne suis pas pressé, je vais me lancer dans d'autres projets jusqu'à ce que vous vous décidiez..." semble-t-il lancer au(x) producteur(s) avec qui il est en désaccord. C'est pour cette exacte raison qu'il ne faut pas presser Alexandre Astier. La pression du public fait le jeu de celui ou ceux qui s'oppose(nt) à Alexandre Astier.

(1) Alexandre Astier indique qu'il ne s'agit pas d'argent ; c'est une façon de voir les choses. Mon petit doigt me dit qu'il essaie de se battre pour récupérer l'autorité sur l'ensemble du monde de Kaamelott, y compris les droits afférents. Or, la marque Kamelott (Faites une recherche ici avec Kamelott - oui, avec un seul A !)... appartient à Calt ! Et, pour un producteur, le droit d'exploitation d'une marque, c'est de l'argent. Alors, certes, ce n'est pas un salaire ou un pourcentage sur les recettes mais c'est tout comme. Est-ce le ou l'un des motifs de tension qui existe entre Calt et Alexandre Astier ? Nous posons la question sans pouvoir y répondre...