Bruno Gaccio n'aime pas Joséphine

Scénariste hors pair ayant fait ses preuves aux Guignols de l'Info, Bruno Gaccio s'est depuis quelques années reconverti dans la production audiovisuelle. Pour Canal +, il va ainsi développer la quatrième saison de la Nouvelle Trilogie, une case horaire dédiée à une programmation originale autour de trois nouvelles fictions.

Pour ceux qui ne connaissent pas, la Nouvelle Trilogie s'est considérablement fait remarquée cette saison avec la diffusion de Hard, comédie écrite et réalisée par Cathy Verney et qui a déjà obtenu les faveurs du jury au festival Roma Fiction en remportant le prix de la meilleure réalisation et une mention spéciale pour son premier rôle, Natacha Lindinger.

Mais dans l'ombre de cette série au pitch racoleur diront certains râleurs, il y avait une comédie autrement plus drôle et tellement plus efficace, Doom Doom. L'histoire de deux tueurs à gages qui se retrouvent à faire équipe. Le premier prétend à sa famille qu'il est artiste peintre et se prend au jeu du pinceau. Le second provient d'une famille juive protectrice. Il flambe et baise à tout va.

L'atout comique de Doom Doom provient certainement de l'absurdité des dialogues écrits par ses deux créateurs Virgile Bramy et Laurent Abitbol. Du langage qu'ils utilisent aux discutions rocambolesques : imaginez-les en planque, avant le meurtre d'un couple, en train de philosopher sur le sens du triangle formé par les galets que l'un d'eux jette dans le sable pour s'occuper. Proprement étonnant. De quoi gommer les rares défauts du jeu d'acteur qui peut manquer de spontanéité. Pour prolonger le plaisir, un prequel de la rencontre entre les deux personnages avait été diffusé sur le site de Canal+. Un univers qui aurait mérité bien plus que les trois malheureux épisodes de 26 minutes.

A noter également En Attendant Demain, une histoire de "racailles" dans la banlieue de Bordeaux. Beaucoup moins enthousiasmant en revanche. Voilà en tout cas ce qui constituait la saison 3 de la Nouvelle Trilogie. Grosso modo, une qualité de production légèrement au-dessus de la moyenne française mais qui peut également largement mieux faire. Mais fallait-il à tout prix prolonger Hard pour une saison 2 ? A priori oui tant ils semblent en être satisfaits. On reste nous persuadé que la série est largement perfectible sur tout un tas d'aspects que nous avons décrits dans nos critiques.

Dans une interview accordée au JDD.fr, Bruno Gaccio donne son avis moqueur (et on ne peut pas le lui reprocher car il y a de quoi) sur le PAF : "A chaque fois que nous lançons un projet, l'objectif est de trouver de nouvelles façons de filmer ou de raconter des histoires, mais aussi d'aborder des thèmes inédits, détaille le producteur. C'est un vrai luxe par rapport à TF1, dont la priorité est de scotcher un maximum de monde en même temps sur le même programme." Il ajoute : "A force de ne rien vouloir tenter, on finit par avoir des héros qui s'essoufflent. En même temps, avec des héros flics ou juges de 80 ans et des héroïnes de 80 centimètres, pas étonnant qu'il y ait une crise de la fiction." C'est facile de taper sur Mimi Mathy, hein ? Euh... il a raison.

Il nous apprend également les thèmes des fictions qui seront produites pour la saison 4 de la Nouvelle Trilogie. L'une sera faite d'action, aussi intense selon lui que 24. Une autre traîtera "sans concession" de l'adolescence et s'intitule Sweet Dream. On prévoit déjà, avec notre mauvaise foi caractérisée, une forte inspiration du côté de Skins. Et enfin une comédie "sino romantique" dans le quartier chinois parisien. Et là, vu la description, difficile à la rattacher à une référence, désolé pour toi lecteur.

Comme d'habitude, l'année prochaine, notre museau de sériephile addicte de réelles nouveautés ne traînera ni sur TF1, ni sur M6 mais bien sur Canal+. Et on commencerait presque à s'y habituer.