La fabuleuse histoire du slogan de Spin-Off : S01E02 - Paul

Précédemment dans La fabuleuse histoire du slogan de Spin-Off... : La tension est à son paroxysme dans la rédaction. Manu a lancé le grenelle du slogan sans se rendre compte du chantier qu'il allait provoquer. Le soir même, après une discussion chargée en émotion, David, le silencieux, s'exprima...

3 août (très tard)

Contre toute attente, David prononça un mot...

"Nous"

Manu ne comprenait pas. David répéta.

David : "Nous"
Manu : "Nous quoi ?"
David : "J'ai pensé qu'on pouvait démarrer le slogan par 'Nous' non ?"
Manu : "Bof"
David : "Bof, ça va pas vraiment avec Nous"
Manu : "Non, je dis Bof à ton Nous"
David : "Et moi je trouve que 'Bof à ton Nous' n'est pas vraiment mieux que mon 'Nous' seul"

L'incompréhension dura 10 minutes jusqu'à ce que Manu lâche l'affaire et parte se coucher.


4 août

Il était 10h quand Manu se réveilla pour allumer son PC. Mais... le début n'est pas terrible. Quelques heures plus tard, il s'installe devant l'écran. Des inscriptions défilent à toute allure sur IRC :

David : "Nous, c'est nous, pas eux je te dis"
Stéphane : "Mais j'en ai rien à foutre d'eux, Nous, c'est pas la vaisselle qu'on fait, c'est des critiques, alors pas question d'écrire Nous pour eux"
Matthieu : "Du calme les enfants, j'ai besoin d'un peu de silence pour faire mon travail. Retournez jouer au démineur pendant que je reboot le serveur"
Edin : "T'as vu Matthieu ! Moi, j'ai rien dit !"
Stéphane : "Mais j'hallucine le lèche-cul. T'enlèves ta langue au moins pour qu'il pète ?"
Isokilla : "Voyons, surveille ton langage Stéphane. Matthieu est malade, il a la diarrhée, pas la peine d'en rajouter"
Edin : "Quelqu'un sait où il est Lsm ?"
Isokilla : "En vacances"
Paul : "Encore ?"
Stéphane : "Non, la dernière fois, il était au chômage"
Edin : "Qu'est-ce que c'est dur d'habiter le nord"

Devant cette cacophonie, Manu sentait la colère monter en lui. Il savait qu'une telle anarchie ne pouvait avoir que des conséquences néfastes sur l'ensemble du travail rédactionnel. Comme lorsqu'il s'était absenté pendant plusieurs jours, et, qu'à son retour, il avait trouvé Criminal Minds inscrite dans la base de données des séries. Un coup en douce.

Il avait longtemps cherché le coupable. Son premier soupçon s'était porté sur Edin. Pour le faire parler, il n'avait pas hésité à exploiter son point faible ("si tu me dis pas qui c'est, je t'enlève les critiques de Kings"). C'est ainsi qu'Edin avait balancé Stéphane, lequel a toujours nié les faits. En guise de bonne foi, il avait même reconnu qu'il faisait encore pipi au lit (d'où ses insomnies (car sa mère le privait de dessert s'il mouillait ses draps)).

Pour éviter que de tels débordements se reproduisent, Manu haussa le ton. Sauf qu'à plusieurs centaines de kilomètres, il ne faisait peur à, vraiment, personne (remplacer 'plusieurs centaines de kilomètres' par 'moins d'un mètre' fonctionne également). Matthieu, qui venait enfin de relancer le serveur, le coupa dans son élan. Et c'était même avec un slogan.

Matthieu : "Personne ne critique vraiment les séries, sauf nous"
Stéphane : "C'est marrant de la part de celui qui n'écrit rien"
Matthieu : "C'est une phrase à rajouter au slogan ou une attaque en règle ?"
Stéphane : "J'ai besoin de répondre ?"
Matthieu : "Je te rappelle quand même que j'ai critiqué entièrement la saison 3 d'Heroes"
Stéphane : "Qui c'est l'abruti qui a pris cette décision ?"
Edin : "C'est Manu"
Matthieu : "Tu sais qu'elle nous rapporte 20% de traf..."
Stéphane : "Oh, c'est bon, tu vas pas me parler d'audience là"

Bien heureusement, Manu ne s'était pas rendu compte qu'on le prenait pour un con car il était parti, vexé, manger un flamby devant Secret Story. Il avait même failli s'étouffer lorsqu'il vit Kevin poser l'altère à terre en disant : "J'ai faim, je veux un flamby". La coïncidence l'avait littéralement estomaqué. Il avait alors pensé très fort : "Plus tard, je serai scénariste chez Endemol". Quand il reprit le cours de la conversation, son sujet avait considérablement évolué. La dernière phrase inscrite à l'écran était prometteuse mais truffée d'erreurs :

Stéphane  : "Le SIDA, c'est bien. Soyez seriepositif"
Manu : "Erreur de débutant"
Stéphane : "Quoi ?"
Manu : "Tu vois pas où est le problème ?"
Stéphane : "Bah non. Trash + jeu de mot pourri = drôle. C'est toi qui me l'a appris"
Manu : "Y a rien qui te choque ?"
Stéphane : "Pas vraiment"
Manu : "Tu trouves pas ça un peu discriminant envers une catégorie de la population ?"
Stéphane : "Mais si. C'est justement pour ça que les lecteurs vont être écroulés devant leurs écrans"
Manu : "Je te parle pas des PD ni des africains là"
Stéphane : "Ah... exact. Je vois où tu veux en venir"
Manu : "Voilà, t'as pigé. T'as complètement zappé les niaks. Ils vont être jaloux si on les oublie alors qu'on fait référence aux autres"
Stéphane : "C'est vrai. Tiens, et si on faisait : 'Le SIDA, c'est bien, riez pas jaune et soyez seriepositif' ? C'est mieux équilibré là, non ?"
Manu : "C'est un peu mieux. Mais il manque les arabes, les handicapés, les juifs, les gitans, les roumains, les ch'ti..."

Ce tout dernier mot fit déclic dans la tête de Paul, encore en train de cuver sa dernière soirée lycéenne arrosée de Mister Cocktail et de Champomy. La tête face à l'écran, les doigts disposés fébrilement sur le clavier, Paul prenait position. Il venait de trouver un slogan et il allait l'écrire sur IRC.