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Paris 16eme, pari loupé ?



Paris 16ème est le deuxième daytime soap après Pas de Secrets Entre Nous diffusé par M6 depuis que Plus Belle La Vie crève l'écran et la courbe d'audience de France 3. Après les échecs de Cinq Soeurs (France 2) et de Seconde Chance, que TF1 ne souhaite pas renouveler, quelle mouche a bien pu piquer la petite chaine qui monte pour qu'elle s'embarque à nouveau dans un tel projet ?


Les riches sont chics

Le pognon. Car c'est de ça dont il s'agit, le flouze, la maille, bref, le fric : c'est le thème de Paris 16ème. Ou tout du moins l'ambiance dans laquelle se retrouve plongée Lorène, jeune provicinale parenticide et... non, même pas. Ses vieux se sont tués dans un accident de voiture. Pour se consoler, son oncle à lunette recueille sa petite carcasse toute menue. Il est bien content car il se sentait un peu trop seul ces derniers temps et... ah bah non, c'est pas tout à fait ça. En fait, le frère de son père (mais son père n'était pas son vrai papa donc son oncle n'est pas son vrai tonton, ça va, vous suivez toujours ?) monte avec elle sur Paris et rejoignent la famille des Cipriani qui accepte de s'occuper d'eux, enfin surtout d'elle. Très probablement parce que son teint basané évoquait pour eux un important savoir-faire, transmis depuis des générations, de technicienne de surface et... Merde, là non plus. En fait, c'est par pure complaisance qu'ils l'acceptent dans leur foyer.

Ça, c'est en gros la storyline centrale, l'intégration de Lorène, à laquelle se greffe la révélation en fin de premier épisode : son père mort dans l'accident n'est pas son daron biologique. Ensuite il y a celle de la haute société. En l'occurrence, pour l'instant, du père Cipriani qui cache dans ses activités d'armateurs quelques mystères bien gardés. Si vous avez vu les Service Secret Belge de Canal Presque, c'est comme ça en vrai ou plutôt en fiction, mais dans le réel de la série.

Enfin, pour troubler la petite Lorène, les personnages secondaires comme Ethan, le fils ainé Cipriani, ou bien Tara, fille Kervadec, vont respectivement l'emmerder ou l'aider. De quoi anticiper déjà des retournements de vestes et manipulations en tout genre.


Les bretons ne sont pas méchants

Kervadec, Lancelot... Décidément, Calt, le producteur de la série, est obsédée par les chapeaux ronds. Heureusement, pour l'instant, ces deux familles présentent dans Paris 16ème semblent gentilles même si je soupçonne du côté des Lancelot quelques affaires pas très claires. Je vais éviter de trop abuser mais, quand même, avec une Kervadec aussi bronzée, il est certain que Tara ne soit pas un produit pur beurre. Sa devise, dixit le site de la série : "Je suis amoureuse d'un pauvre, et ça ne me gêne même pas". C'est pas un peu provoc' quand même ?

Justement, j'en viens à la critique à proprement parler (et comme l'intertitre l'explique, y a rien de méchant dans ce que je vais dire, c'est juste de la sincérité, bises, xoxo). La série comporte deux problèmes majeurs qui m'ennuient. Pour le bien de Paris 16ème, nous classerons le générique hors-compétition.

Le premier, c'est que c'est un daytime soap. Autrement dit, produire 80 épisodes de 22 minutes intéressants -et des storylines d'une nature similaire- en moins d'un an, c'est impossible. Imaginez une seconde, c'est comme si vous demandiez aux scénaristes de How I Met Your Mother d'écrire 80 épisodes en un an. Déjà que sur 22 épisodes par saisons, ils luttent pour en écrire plus de la moitié d'amusant... Bref, arithmétiquement, cette remarque, bien qu'évidente, avait besoin d'être évoquée sur Spin-Off : ce n'est pas possible d'écrire de la qualité dans un tel format. Regardez le plus vieux feuilleton français humoristique : Les Guignols de l'Info. Ils n'ont "que" 7 minutes à écrire par jours ce qui ne suffit pourtant pas à cacher, parfois, leur manque d'inspiration.

Second problème, Paris 16ème souffre d'un mélange des genres. Une mixité qui évoque des difficultés et des remaniements malheureusement évidents lors de l'écriture de la série. D'abord un teen show, puis un teen show qui n'hésite pas à se muscler pour terminer en un vulgaire daytime soap, qui porte d'ailleurs encore des stigmates de ses précédentes incarnations. Autant d'étapes qui plongent Paris 16ème dans un état latent. On sent dans le pilote, notamment autour du personnage joué par Richard Gotainer, une volonté de créer un comique de situation basé sur le pauvre qui découvre les moeurs des riches. Mais ces scènes déchantent par rapport au ton général de Paris 16ème. A la place d'un The O.C. francisé -avec des caractéristiques alléchantes tant l'opposition riche/pauvre en France est différente des Etats-Unis-, on a le droit à la dernière version d'un feuilleton PBLV-isé.

Maintenant, on va parler des côtés positifs. Dans l'ensemble, quand même, et M6 nous y avait déjà habitué avec Pas de Secrets Entre Nous, le jeu d'acteur est supérieur à Plus Belle La Vie. Côté décors, l'attention portée sur les détails est appréciable. Dans le bureau du papa Cipriani, on se croirait presque en train de regarder Mad Men, la subtilité du jeu d'acteur en moins. L'éclairage (bien qu'un peu trop forcé sur le bleu), les costards, c'est du bon boulot. En terme de réalisation, P16 se permet même de sortir des sentiers battus et on sent déjà une bonne occupation des décors (contre-plongée vue de l'étage dans le loft des Cipriani, des plans qui se répondent lorsqu'Ethan prend un préservatif et lorsque l'oncle de Lorène lui avoue la vérité sur son père, etc). Ce n'est pas monolithique, et c'est déjà ça de bon à prendre.


Suivant !

Autrement dit, y a du bon travail de fait quand même. Mais quand une série subit autant de difficultés lors de son écriture, difficile de le masquer. Ce véritable feuilleton interne s'est d'ailleurs achevé par le coup de gueule de son créateur, Frédéric Truskolaski. En s'exprimant très sévèrement dans Télé-2-Semaines, il s'est désolidarisé de la chaine et de la production : "On est parti sur une série pour ados comme Newport Beach ou Les Frères Scott. On voulait faire une "teen drama" avec une bonne bande originale et de beaux extérieurs. Cela a débouché sur un pilote en juillet 2007. Et puis, M6 a changé son fusil d'épaule [...] Les gens de l'unité fiction de M6 étaient très incompétents et pensaient uniquement chiffres. Ils voulaient grosso modo faire une copie de Plus belle la vie."

Le plus inquiétant dans l'histoire, ce n'est pas tellement le fait que M6 ait obtenu son "Plus Belle La Vie" parisien, mais c'est de voir Calt, maison de production que l'on croyait avant-gardiste et en phase avec notre conception de bonne fiction télé (Kaamelott, Caméra Café, Hero Corp, Vous Les Femmes, etc), se plier à tel point aux exigences de la chaine. Au final, la copie rendue, bien que le producteur Jean-Yves Robin démente, est tout de même malheureusement proche du soap de France 3. Verdict : la conspiration anti-PBLV va encore échouer.

Pour les plus téméraires, tous les épisodes sont accessibles sur M6replay.


     


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INFORMATIONS
Date : 10/03/2009 à 02:00
Auteur :
Chaine : M6
Catégorie : Annonce
Sous-Catégorie : Preview


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