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Bilan Série Series #4 : Projections et discussions (1/3)



Du 1er au 3 juillet se déroulait dans la chaleur de Fontainebleau la 4ème édition du festival Série Series, mettant à l’honneur les séries européennes. Le programme chargé comprenait des projections, des masterclass (dont Todd Kessler et Eric Rochant), la journée de la création TV organisée par l’APA ou encore les premières images de projets en cours.

Humans a ouvert le bal en présence de l'équipe alors que le compositeur John Lunn a clos le festival avec un orchestre de 40 musiciens reprenant les titres phares de Downton Abbey. Je vous propose mon bilan du festival réparti en trois articles. On commence avec les diverses projections qui se sont suivies d'une discussion avec l’équipe des séries. Au menu : Humans (UK/USA), The Heavy Water War (Norvège), Trapped (Islande), The Enfield Haunting (UK), The Refugees (Espagne/UK) et Northern Mishaps (Finlande).

Humans (UK/USA) – 8x45’
Le pitch : Dans un monde similaire au nôtre, des robots (‘synths’) aident non seulement les humains dans leurs tâches ménagères, mais viennent à les remplacer dans de nombreux aspects de la vie quotidienne. Censés être incapables de mentir ou de blesser un humain, une poignée de ces androïdes semble se comporter différemment des autres…

Pourquoi il faut regarder : Loin d’être une pâle copie de la version suédoise Real Humans, elle prend rapidement des directions différentes malgré des similitudes qui subsistent. Le rythme semble mieux maîtrisé et la musique de Cristobal Tapia de Veer (Utopia) amplifie l’atmosphère de la série.

A retenir :
- Les scénaristes sont allés en Suède pour rencontrer Matador et Lars Lundström, qui est très satisfait de l’adaptation de sa série (il était d'ailleurs au festival).
- L’appellation ‘hubot’ ne sonne pas sérieux en anglais, elle a donc été changée en ‘synth’ pour cette adaptation.
- Les robots ont une apparence plus humaine que dans la version originale. Les acteurs ne portent d’ailleurs pas de lentilles de contact, contrairement à Real Humans (les effets spéciaux sont rajoutés en post-production).
- Il s’agit de la première co-production de la chaîne américaine AMC. La série était auparavant co-produite par Xbox Entertainment Studios, mais Microsoft a fermé cette branche en juillet dernier.
- Le budget par épisode est d’1,7M€, réparti à peu près à égalité entre Channel 4 et AMC.
- Les 5 acteurs synth principaux ont dû se préparer avec un chorégraphe trois semaines avant le tournage, afin de pas être trop robotique tout en restant différent des humains. Les mouvements, même les plus simples, ont dû être réappris.
- Situé à Londres, le tournage de chaque épisode durait 12 jours.
- Channel 4 a mis du lourd dans la promotion. La toute première était une fausse publicité sur les robots ménagers diffusée sur la chaîne sans évoquer la série, ce qui a provoqué des réactions assez amusantes. Ils ont quand même ensuite ajouté le bandeau de la série à la fin. Dans la même veine, un partenariat avec Kinect a permis de mettre en place des répliques digitales de synths dans les vitrines de magasins sur Regent Street.
- AMC en a fait de même, avec de faux synths en vente sur eBay (avec redirection vers le site de la chaîne en cas d'achat/enchères) et des acteurs engagés pour jouer de faux synths en train d’être rechargés à l’aéroport d’Atlanta.
  -En termes d’audiences, la série a été un carton au Royaume-Uni puisque son premier épisode a réuni 6,1 millions de téléspectateurs, alors qu’un programme est généralement considéré comme un hit sur Channel 4 lorsqu’il dépasse les 2 millions.
- La saison 2 n’était à l'époque pas officielle puisque son renouvellement est intervenu seulement fin juillet. L’actrice Gemma Chan m’a glissé que le tournage n’aurait pas lieu avant avril 2016.

 

The Heavy Water War / Kampen om tungtvannet (Norvège) - 6x52’
Le pitch : La Norvège est au cœur du conflit entre les Allemands et les Alliés puisqu’elle produit l’eau lourde, essentielle à la conception de la bombe atomique mais longue à fabriquer et en quantité limitée. On suit l’avancement du développement de la bombe et les conflits autour de cette eau à travers l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Norvège.

Pourquoi il faut regarder : Son sujet est intéressant et méconnu. La force de la série est ses personnages, tous interprétés avec brio. Elle nous place dans une position étrange, puisqu’on se retrouve à souhaiter leur réussite alors que le but est de construire une bombe atomique. La réalisation est très propre avec quelques plans superbes.

A retenir :
- Record d’audience pour un drama sur NRK1 (chaîne n°1 en Norvège), avec plus d’1,3 millions de téléspectateurs et une part d’audience impressionnante de 64%. Malgré le sujet, les audiences étaient également excellentes chez les jeunes.
- En terme qualitatif, le système de notation norvégien a obtenu la note de 8,5/10 et même 8,8/10 chez les jeunes, un niveau parmi les plus élevés.
- Selon la créatrice Mette Bolstad, les cliffhangers ne sont plus faits pour les séries. Elle préfère des fins d’épisodes ‘émotionnelles’. Il est d’ailleurs essentiel pour elle que les personnages changent d’émotions plusieurs fois au cours des épisodes.
- Des acteurs locaux ont été castés dans chaque cas, tous parlant dans leur langue d’origine pour que ce soit réaliste. A noter la présence d’Anna Friel (Pushing Daisies, American Odyssey) au casting.

 

The Enfield Haunting (UK) - 3x45’
Le pitch : Mini-série sur le cas le plus important cas de poltergeist au Royaume-Uni qui s’est passé dans les années 70 et qui reste encore inexpliqué. Adapté du livre de Guy Lyon Playfair.

Pourquoi il faut regarder : Très efficace en tout point (réalisation, personnages, bande son, tension), la série alterne de façon juste entre les moments de peur et ceux plus émotionnels, en apportant tout de même quelques touches d’humour.

A retenir :

- Le projet date de 5-6 ans. Il a d’abord été pitché à la BBC puis à Sky, le responsable de la fiction étant passé de l’un à l’autre (mais d’autres diffuseurs étaient intéressés).
- La série n’aurait pas été si différente que ça sur la BBC, ils auraient juste eu 15 minutes de plus par épisode, mais d'après eux, il y avait de quoi faire !
- L’auteur de livre ne voulait pas quelque chose d’Hollywoodien pour l'adaptation de son livre.
- Le tournage des 3 épisodes a duré 9 semaines.
- La série n’avait pas pour but initial de faire peur, mais l’aspect effrayant a été ajouté au deuxième draft du script.
- Les réunions avec Sky sur les scripts étaient courtes, avec peu de commentaires de leur part. Les diffuseurs sont en général plus méticuleux sur le casting, donc il a pris un peu de temps, mais dans l’ensemble ils étaient assez libres.
- L’histoire ne traite pas uniquement du poltergeist mais est aussi centrée sur la relation entre deux personnages : Janet (à la recherche d’une figure paternelle) et Maurice (qui veut compenser la perte de sa fille).
- Ils évoquent leurs lectures sur l’importance du monstre dans ce genre, considéré comme un personnage à part entière. 
- Sky veut une autre saison (record d'audience pour sa diffusion sur Sky Living), mais l'histoire est terminée et il est difficile avec ce genre de garder son public longtemps. Ils regardent tout de même si d’autres histoires vraies dans le même registre pourraient faire office de suite.  
- La mention 'Based on real events' est de plus en plus utilisée, parfois alors que c’est faux (comme dans Fargo). Par ailleurs, le film The Conjuring 2 sera intitulé The Enfield Poltergeist.
- Les scénaristes/réalisateur/producteurs ne croient globalement pas aux poltergeists, bien que la famille ayant été victime ne souhaitait pas en parler à l’équipe de la série car elle veut passer à autre chose.

 

Trapped (Islande) - 10x60’
Le pitch : Dans un village islandais paisible, un torse est repêché en mer au moment où un ferry de touristes accoste. Sûrs que le meurtre a eu lieu dans le bateau, les habitants et les touristes se retrouvent coincés en pleine tempête alors que le tueur est parmi eux.

Pourquoi il faut regarder : A mi-chemin entre Fortitude et Broadchurch, ce drame glacial offre de superbes paysages et une histoire maîtrisée et prenante.

A retenir :
- La série est basée sur une idée du réalisateur du premier épisode (il y a en a 4 au total).
- Les scénaristes ont eu le luxe d’avoir beaucoup de temps : ça a pris un an pour que tous les scripts soient prêts. Les diffuseurs n’étaient pas pressés car la série devait dans tous les cas être tournée en hiver.
- Elle a été développée durant des réunions isolées d’une semaine une fois tous les deux mois, pour parler de deux épisodes à la fois.
- Il s’agit de la plus grosse production islandaise à ce jour. Le but était de créer quelque chose d’islandais mais avec possibilité de voyager en Europe.
- La série est co-produite avec ZDF (Allemagne), SVT (Suède), BBC (UK) et France TV. Ces derniers ont été convaincus notamment grâce au succès de Broadchurch et de ses paysages. Pour France TV, leur demande dans la co-production était raisonnable et il était plus facile d’obtenir un accord avec eux quand on a déjà 3 autres diffuseurs européens qui ont accepté.
- Cependant, aucun diffuseur n’avait le contrôle total créatif : au final, l’idée était forte et les auteurs ont eu assez de liberté.
- On note trois aspects clé dans la série : l’intrigue criminelle, le personnage principal et la nature.
- Le tournage a duré 97 jours à raison de 12h par jour.
- La météo a eu un grand impact : chaque épisode avait son propre temps même si la tempête est présente la moitié de la saison. Ils ont décidé d’inclure à parts égales le jour et la nuit, même si en réalité il n’y avait que 4h de lumière pour tourner les scènes de jour.
- Le budget total s’élève à 7,3M€.
- La diffusion est prévue en décembre en Islande et courant 2016 dans les autres pays.
 

The Refugees / Refugiados (Espagne / Royaume-Uni) - 8x50’
Le pitch : Trois millions de personnes débarquent du futur pour fuir une catastrophe. Ils ne peuvent pas dire pourquoi ils sont là ni entrer en contact avec leur famille, ce qui déroute encore plus les habitants d’un petit village espagnol, déjà confronté à la crise et qui se retrouve à devoir accueillir ces inconnus sans rien savoir.

Pourquoi il faut regarder : Pour le concept intéressant sur le papier et la curiosité d’une telle co-production. Mais c’est tout. Le pilote en lui-même est correct mais vraiment pas transcendant. Je n’ai pas trop été pris dans le mystère, mais le plus gros point faible de la série est son casting.

A retenir :

- Antena 3 a accepté ce projet après de nombreuses demandes des producteurs pour faire une série fantastique. La condition était de trouver un co-producteur. Si elle plaisait aux deux parties, alors ils donnaient le feu vert pour la production.
- Le superviseur des scénaristes de la BBC a apporté sa vision britannique.
- Les acteurs sont britanniques et parlent anglais (pour les ventes à l’international), mais l’action se déroule dans une Espagne fictive.
- La productrice avoue que si un autre projet de co-production se concrétise, ils tourneront sûrement en espagnol car au final elle a dû être diffusée sur une plus petite chaîne du groupe (La Sexta) car elle nécessitait d'être doublée. Elle pense que les gens n'ont pas vraiment remarquée qu'elle était espagnole, et l’ont un peu identifiée à Under the Dome, qui était très mainstream et qui marche bien en Espagne.
- Du coup, la série n’a pas vraiment fonctionné en Espagne, ce qui a pu faire peur aux diffuseurs internationaux d'acheter la série.
- Elle n’a pas encore été diffusée au Royaume-Uni car ils craignent aussi que les anglais ne s’identifient pas non plus à la série, comme elle se déroule à l’étranger.
- Un projet d’adaptation est néanmoins dans les tuyaux aux US.
- La série a coûté 300 à 400 000€ par épisode, contre 500-550 000€ en moyenne en Espagne. Les plus gros projets peuvent même monter jusqu’à 700 000€ mais c’est rare.  
- Son faible coût (série la moins chère des 3 dernières années) a permis de prendre plus de risques.
- Le tournage a duré 7-8 jours par épisode.

 

Northern Mishaps / Napamiehet (Finlande) - 9x22’
Le pitch : Comédie dramatique sur la vie de deux acteurs en pleine crise de la quarantaine qui décident de tout plaquer pour faire un road trip au pôle Nord. Sauf qu’un tel voyage coûte cher et nécessite un minimum d’organisation.

Pourquoi il faut regarder : Pour une comédie pas comme les autres créée par une bande de potes. On sent vraiment qu'ils se sont éclatés à la faire, même si l’humour peut paraître un peu spécial.

A retenir :

- L’intrigue traite de trois sujets différents : la vie au quotidien des deux hommes de la quantantaine, la vie d’acteurs dans une série et le périple au pôle Nord.
- Janne Reinikainen est à la fois créateur, scénariste, acteur et réalisateur de la série et assez connu en Finlande. Dix ans ont passé depuis sa dernière comédie.
- Le chaîne Nelonen a commandé les 9 épisodes après que les 3 premiers aient été écrits.
- Le plus gros problème pendant le tournage était les fou-rires, tant ils se connaissaient tous très bien.
- Le coût total s’élève à 500 000€ pour les 9 épisodes.
- La série a été proposée sur la plateforme de la chaîne Nelonen en février, avant sa diffusion TV en mars.
- Le tournage a pris 30 jours au total, en comptant la partie au pôle Nord.
- Janne a fortement été influencé par Louis CK.
- Les comédies peuvent voyager en Scandinavie, mais ça reste difficile de les vendre ailleurs.
 



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INFORMATIONS
Date : 02/08/2015 à 11:45
Auteur :
Tags : Serie Series Humans The Heavy Water War The Enfield Haunting
Fiche série : Humans, The Enfield Haunting, Kampen om tungtvannet
Catégorie : Spin-Off
Sous-Catégorie : Dossier



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