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Profil Sériephile : Shabby



Pour le troisième profil sériephile, on s'intéresse à Shabby qui nous détaille avec précision son fonctionnement sériel. Vous pouvez retrouver les profils de Boulitoquet et Ludo en cliquant ici et ici.


Tu regarde peu de séries mais tu es plutôt organisé dans le visionnage de celles-ci, quel est ton rapport aux séries ?

J'ai toujours besoin d'en avoir une en cours. Quand je finis une série/saison et que je n'enchaîne sur rien pendant quelques jours, j'identifie rapidement ce qui me manque : Gimme some narration ! Le plus souvent c'est une série à la fois, si j'en regarde une deuxième c'est une comédie, pour changer de ton et boucher les trous en fin de soirée.

Je les regarde seul. Je n'aime pas être influencé par le regard de mon voisin. Même si nos co-spectateurs sont silencieux, ils ont une influence sur le visionnage.

Je les regarde en VO, sans exception. J'attends toujours qu'une saison se termine pour la commencer, je n'aime pas attendre une semaine, être coupé par la pub et n'avoir comme choix que la VF. Pour moi l'intérêt premier du format série c'est l'immersion intense dans un autre univers. Trop éloigné le visionnage de deux épisodes nuirait à cela.

Je finis toujours une saison jusqu'au bout, et j'attends qu'une saison soit terminé pour la regarder en entier, le plus souvent au rythme d'un ou deux épisodes par jours.

Je regarde très peu de nouveauté. Je ne suis pas pionnier, je préfère laisser les autres se casser les dents sur les navets et faire le tri pour moi. Oui, c'est un comportement clairement pusillanime et qui ne favorise probablement pas la production de nouveauté. Tant pis. Ce sont les avis éclairés de la communauté de Spin-off.fr qui m'aident à choisir. Un des avantages de ce site est qu'il ne représente aucune série ou aucun genre en particulier, ainsi on évite dans les fiches épisodes les commentaires des "fanboy", ces spectateurs qui sont tellement fascinés par leur objet de culte qu'ils en oublient de prendre du recul, jusqu'à ne pas tolérer les avis négatifs. Sur Spin-off , la plupart des gens argumentent (du moins l'esprit du site les incitent à le faire), que leur critique soit bonne ou mauvaise.

Quelle est la série qui t'as conduit à être sériephile ?

Je dois citer deux étapes pour répondre à cette question.

La première s'appelle la saison 1 de Lost, diffusée à la télévision française en juillet 2005. C'est notre professeur d'anglais qui nous l'avait conseillé. J'avais 13 ans et j'avalais des histoires à la pelle avec passion tout en ayant une image très négatif du format série. A l'époque je pensais que c'était un sous-produit de la "télé-poubelle", sans ambition artistique, qui ne pouvait en aucun cas avoir un rapport avec la qualité offerte par le cinéma ou la littérature. Ça n'allait pas plus loin que à La petite maison dans la prairie ou Dallas ...

J'ai tout de même regardé par curiosité. Et là, naïf, j'ai tout découvert : l'attente trépignante de l'épisode suivant, le besoin de n'en manquer aucun, les spéculation sur la suite, le suivi de personnages sur une longue période... C'est à partir de ce moment là que je me suis intéressé aux séries. Mais pas jusqu'à la sériephilie.

La seconde étape, quelques années plus tard, pour me consoler de la fin frustrante de Lost, c'est le visionnage de l'intégrale de Six Feet Under.

Je l'ai regardé d'une traite en deux semaines, en VO sous-titré pendant un mois d’août torride, suite au conseil d'une amie. Ce fut un choc. Comme beaucoup d'autres, j'ai eu du mal à m'en remettre. Même physiquement, le lendemain du pilote, j'étais incapable de faire quoi que ce soit, comme en convalescence. Cela reste encore aujourd'hui ce que j'ai vu de mieux, tout genre et tout format confondu. Oui, je crois que je peux dire ça.

Suite à cette expérience, j'ai voulu explorer ce format avec plus d'attention et de rigueur. Au moins pour vérifier que rien ne pouvait dépasser Six Feet Under en terme de qualité. Je suis devenu passionné par la narration sur le long terme. Quelques mois plus tard je me suis inscrit sur Spin-off.fr, ce qui a considérablement influencé la manière et le choix des séries que je regarde.

Y a t-il un genre de séries qui te repousse particulièrement ? (sitcom, policier, procedural ...)

J'ai eu du mal à m'attaquer à la sitcom américaine, par pur préjugé. Les rires enregistrés, les plans fixes avec le 4e mur invisible... Je trouvais cela pauvre, avec le risque certain de figer la mise en scène pour n'avoir que des automatisme. J'ai finalement commencé How I Met Your Mother un soir de curiosité aigüe, et même si j'ai bien apprécié d'accompagner cette joyeuse bande d'amis pendant quelques saisons, je garde toujours cette impression de "bonheur à vendre", de "joie artificielle de la civilisation occidentale" qui me gêne. Je met toujours l'honnêteté comme première valeur dans la création artistique, en sitcom je suis souvent perdu par rapport à cette notion.

J'ai fait d'autres tentatives depuis et je me rends compte que je préfère nettement les comédies qui prennent plus de liberté avec leur caméra et leur mise en scène.

J'ai du mal également avec la série "police-drogue-flingue-pute". Il y a tellement de séries qui traitent de ses thèmes éculés et tellement de thèmes à explorer... C'est souvent épuisant de banalité. J'évite, en général.

Quel est ton pire souvenir sériel ?

Il m'est arrivé plusieurs fois de regarder des pilotes ou des épisodes de séries qui m'ont laissés complètement de marbre. Même si l'expérience ne fut que très peu enrichissante, je ne peux pas parler de "pire souvenir", vu que j'y étais indifférent.

Mon pire souvenir sériel est le creux de la vague du milieu de la saison 2 de Twin Peaks, qui correspond au départ des créateurs du show. On pouvait sentir leur absence tellement c'était flagrant. Après une première saison et une première partie de seconde saison qui m'ont complètement happées, soudain, les pires facilités étaient de rigueur, les personnages ont tous perdu leurs âmes, la futilité régnait et le faux-soap (dont l’ambiguïté était l'une des richesses de la série) devenait vrai. Une énorme frustration, surtout quand j'imagine ce que le show aurait pu être si les producteurs avait laissé faire les auteurs. Heureusement David Lynch revient pour les trois derniers épisodes et nous offre in extremis un series finale quasi légendaire.

Mais comme disais Kubrick, tous les films sont bons à regarder, surtout les "mauvais", car c'est avec ceux là qu'on apprend le plus.

(PS : J'ai répondu à cette question avant de savoir que la série s'offrait une troisième saison !)

Tes proches sont-ils fan de séries et as-tu réussi à leurs conseiller certaines séries ?

Peu d'entre eux le sont autant que moi. La personne que je conseille en premier lieu est ma mère, qui regarde presque tout ce que je lui suggère, avec attention.

Auprès de mes amis ou de mes proches, même si l'envie m'en prend, j'évite de faire le prophète et de les obliger à regarder Louie ou Carnivàle quand je les entend parler de The Big Bang Theory ou Game of Thrones. Mais j'ai plusieurs fois avec succès lancé des néophytes sur des séries facile à commencer comme Six Feet Under ou Lost. C'est un vrai petit bonheur de les voir passer par les mêmes étapes que moi quelques années auparavant, au rythme des coups durs et des coups de théâtre.

Mais il me semble que le "public" est de plus en plus avisé en terme de série, et exige dorénavant la même qualité que pour le cinéma.

Quel est le personnage de fiction et la performance d'acteur qui t’ont le plus marqué dans une série ?

Pour le personnage de fiction, après réflexion, je choisis Willow Rosenberg, de Buffy the Vampire Slayer. Elle se démarque des autres sur un point spécifique, son évolution (sa transformation ?) à travers les 7 saisons, qui est exemplaire. C'est sans parler de l'affection que je lui porte.

Pour la performance d'acteur : James Gandolfini, alias Tony Soprano. C'est un choix sans doute académique et un peu facile mais c'est difficile de ne pas reconnaître la qualité ineffable de cet acteur. Pour ce rôle on est quasiment dans la fusion entre l'être de fiction et l'acteur. Il a su donner une richesse de lecture impressionnante pour un rôle qui de base ne le permettait pas forcément, celui du chef mafieux. Il suffit de lire ce que ses collègues disaient de lui. Pour s'en convaincre réellement, regardez l'intégralité de The Sopranos.

Quel est ton rapport avec le cinéma et la littérature ?

J'ai peur de l'oubli. D'oublier les films que je regarde : Pourquoi les regarder si, dans un an, plus rien ne reste en mémoire ? Du coup je note systématiquement le titre, le réalisateur et l'année de sortie de tous les films (et séries) que je visionne, depuis 2009. Je relis régulièrement cette liste pour ranimer le souvenir du film.

J'aime appréhender le cinéma par réalisateur plutôt que par film. Chaque film d'un auteur serait une pièce du puzzle qui nous aide à comprendre quel est l'homme qui se cache derrière la caméra. Pour moi l'intérêt d'un film en est décuplé lorsqu'il est vu dans le contexte dans une œuvre plus grande. Les films moins bons y trouve leur sens : Que s'est-il passé ? Pourquoi le précédent était plus en forme ?

Pour ce qui est de la littérature, je lisais énormément enfant, puis de moins en moins. Je dois dire que je suis victime de la technologie. Lorsque le soir on a le choix entre un épisode de 52 min, un film de 2 heures ou un livre qui sera terminé en une quarantaine d'heures de lecture, c'est souvent le choix de la facilité qui l'emporte. Je le regrette un peu.

J'ai de plus en plus de mal à finir mes bouquins. Aujourd'hui je lis moins de fiction, sauf quand j'explore la littérature classique, les immanquables. Sinon je choisis plutôt des livre de philosophie, d'interview d'auteur, d'analyse, de sociologie... ou la Bible. Je lis actuellement l'Apocalypse, pour la forme.

Une série culte à laquelle tu n'as jamais accroché et à l'inverse une série critiquée qui t'as beaucoup plu ?

Je n'ai jamais réussi à comprendre l'engouement phénoménal autour de Friends. J'ai dû voir une vingtaine épisodes, parfois trois à la suite, de saisons diverses... Je ne comprends pas l'humour, qui me laisse de marbre. Je ne vois que des trentenaires pourri-gâtés qui nagent dans un bonheur utopique et ostentatoire. Cela en est même un peu pervers : Les regarde t-on s'émoustiller parce qu'on les aime ou par jalousie ?

A l'inverse, j'aime beaucoup l'esprit "looser" de Flight of the Conchords. Je me sens en décalage avec certains spectateurs qui ont du mal avec leur auto-dérision surpuissante ou l'esthétique volontairement carton-pâte. Le premier degré n'est pas de rigueur pour découvrir cette série. J'ai moi même mis 5 ou 6 épisodes (ce qui correspond tout de même à un quart de la série) pour comprendre enfin en quoi exactement Bret et Jemaine sont géniaux. Le deuxième visionnage de la série fut encore meilleur que le premier.



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INFORMATIONS
Date : 09/11/2014 à 15:55
Auteur :
Tags : shabby six feet under lost flight of the conchords
Fiche série : Lost, Six Feet Under
Catégorie : Interview
Sous-Catégorie : Communauté



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